Clinique de psychologie En Équilibre

Depuis quelques années, on entend souvent parler des jeunes ayant un trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité, le TDAH, et des difficultés associées. Beaucoup d’information, souvent contradictoire, circule dans les médias. Bien que le TDAH soit mieux connu, de nombreux mythes circulent à son sujet, ce qui sème la confusion chez les parents.

  1. Sommes-nous face à une épidémie de TDAH ?
    Non! Mais nuançons tout de même notre propos. Au Québec, on estime que 60 000 enfants seraient atteints d’un TDAH, soit environ 5% des enfants d’âge scolaire. Il s’agit d’un trouble somme toute assez commun. Certains se demandent parfois si nous n’assistons pas à une véritable épidémie. Pourtant, il semble que le nombre de personnes atteintes serait le même à travers les époques. Par contre, puisque les médecins et le public possèdent une meilleure connaissance de ce trouble, le dépistage se ferait plus rapidement et plus de jeunes recevraient le diagnostic de TDAH.
  2. Le TDAH, une affaire de gars ?
    Non! Il y aurait toutefois trois fois plus de cas de TDAH reconnus chez les garçons que chez les filles. En effet, les symptômes d’inattention seraient prédominants chez les filles comparativement aux symptômes d’hyperactivité, davantage présents chez les garçons.Par conséquent, les filles étant moins « dérangeantes », elles passeraient davantage inaperçues. Cela pourrait expliquer qu’elles soient moins souvent diagnostiquées que les garçons.De plus, les filles auraient tendance à être diagnostiquées plus tardivement, souvent au moment de la transition du primaire vers le secondaire. En effet, cette période serait particulièrement sensible puisqu’elle demande un développement accru de l’autonomie et des capacités d’organisation.Comme ces aspects représentent des défis de taille pour les personnes présentant des symptômes d’inattention, cette transition est susceptible de faire ressortir davantage les difficultés chez les filles.
  3. Mon enfant écoute des films et joue à son jeu vidéo pendant des heures : il ne peut pas avoir un TDAH !
    Les jeux vidéos sont très stimulants ! L’enfant peut arriver à se concentrer plus facilement sur cette activité durant des heures. Il s’agit davantage d’une question de stimulation que de motivation. Par contre, écouter en classe ou faire ses devoirs est beaucoup moins stimulant, c’est-à-dire que cela apporte moins de « récompenses » à la minute. Les tâches scolaires demandent à l’enfant une attention beaucoup plus active qui est difficile à maintenir, et ce, même s’il est très motivé. Ainsi, il est important de garder en tête qu’un enfant qui présente un TDAH ne manque pas systématiquement de motivation, mais plutôt qu’il a besoin d’être stimulé pour rester attentif.
  4. La médication est le seul moyen de traiter le TDAH et tous les enfants qui en sont atteints devraient en prendre
    Tout d’abord, il n’existe pas de « pilule miracle » et la médication ne guérit pas le TDAH. Elle contribue à diminuer les symptômes associés et améliorer les capacités fonctionnelles. Selon la sévérité du trouble, un traitement s’avère souvent efficace. Toutefois, la médication est une mesure qui, lorsqu’elle est envisagée, devrait être combinée à une intervention psychosociale. En effet, la psychoéducation, la thérapie cognitive comportementale, le soutien pédagogique, l’entraînement aux habiletés sociales, le sport et la saine hygiène de vie sont tous des éléments qui contribuent à améliorer la qualité de vie et diminuer les symptômes.
  5. Un enfant qui a un TDAH réussira nécessairement moins bien dans la vie
    Les jeunes présentant un TDAH sont pour la plupart des gens passionnés et créatifs. Ils ont souvent une imagination débordante et de la débrouillardise. Ils ont également une énergie remarquable et une capacité de faire les choses d’une façon originale. Enfin, ils ont la capacité d’entreprendre plusieurs choses à la fois et de trouver diverses solutions face à un problème. Un enfant diagnostiqué, bien accompagné et traité a d’excellentes chances de bien fonctionner à l’âge adulte. Il est important de souligner les difficultés auxquelles l’enfant fait face afin de l’aider à compenser les différents déficits, mais il est d’autant plus primordial de soulever les forces qu’il présente.
  6. Il suffit d’attendre, le TDAH finira par disparaitre en vieillissant
    Dans la plupart des cas, le TDAH ne disparait pas avec l’âge. Les symptômes auraient tendance à se transformer et à diminuer. Le TDAH persisterait jusqu’à l’adolescence dans 70% des cas et jusqu’à l’âge adulte dans au moins 50% des cas. On estime qu’environ 6% de la population adulte a un TDAH. Par contre, la majorité des adultes atteints ne seraient pas diagnostiqués et seulement le quart recevrait un traitement. Les adultes atteints qui ne reçoivent aucune aide sont plus vulnérables à la dépression, l’anxiété et l’abus de substances. Ces adultes présentent souvent des difficultés financières et légales, ainsi que des problèmes en lien avec leur carrière et leurs relations personnelles.

En conclusion, l’évaluation standardisée par un professionnel s’avère pertinente afin de mieux comprendre les difficultés et les besoins de l’enfant. Tel que mentionné plus haut, il n’existe aucun traitement permettant de guérir le TDAH. Ainsi, l’objectif de l’intervention est de réduire les effets du trouble sur l’enfant au quotidien et de lui permettre d’atteindre son plein potentiel.

Par Béatrice de Montigny, D. Psy. et Marilou Cournoyer, M.Ps.

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